La démocratie > le populisme > la dictature et la suite…

 

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Actuellement la démocratie est à la peine, nos politiques élus ont du mal à agir efficacement en nous représentant. D’aucuns s’essaient à envisager l’avenir… dans des formes inquiétantes.
Par exemple Nicolas Sarkozy, le Canard Enchaîné du 7 novembre 2018 relate la teneur de ses différentes conférences, bien rémunérées :

« Le modèle démocratique touche aujourd’hui brutalement ses limites, car il fait tout pour empêcher l’émergence du leader en l’entravant et en lui compliquant la tâche. À peine émerge-t-il que le système cherche à l’affaiblir ou à le détruire. Pour conduire un pays, il faut une vision, donc un leader qui l’incarne, et du temps. Les démocraties détruisent tous les leaderships, elles sont devenues un champ de bataille où chaque heure est utilisée par tout le monde, réseaux sociaux et autres, pour détruire celui qui est en place.
Là où il y a un grand leader, il n’y a pas de populisme !
Où est le populisme en Chine ? Où est le populisme aux Émirats arabes unis ? Où est le populisme en Russie ? Où est le populisme en Arabie saoudite ?
Xi Jiping a une vision pour son pays : il veut que la Chine s’ouvre au monde. Quels que soient les désaccords que l’on peut avoir avec lui, Vladimir Poutine a remis la Russie sur le devant de scène.
Faire de Victor Orban un dictateur et un leader d’extrême-droite ne correspond pas à la réalité.
Quant à Mohammed ben Salmane (celui qui a fait assassiner le journaliste Khashoggi), ce n’est pas le MBS que je connais, mais je ne prétends pas détenir la vérité ».

Nicolas Sarkozy n’exprime pas ici un désir de dictature, mais il l’envisage tout de même pour pouvoir gouverner efficacement. Ce qui en définitive revient au même.
En démocratie comme ailleurs, on a besoin d’un gouvernement efficace : si le gouvernement démocratique n’est pas efficace, pourra-t-il perdurer ? Choisirons-nous de renoncer à la prospérité, à la même richesse relative que les autres, pour rester en démocratie ? Rien n’est moins sûr.
Jusqu’à présent on considérait la démocratie comme le meilleur système politique, sans se rendre compte qu’il s’accompagnait d’une efficacité supérieure sur le plan politique social et économique. Cette meilleure efficacité ne va pourtant pas de soi : si elle n’est plus là, voudrons-nous encore de la démocratie ? Le discours de Nicolas Sarkozy est donc plus important que sa petite personne.

Mais tout ceci n’est qu’élucubration à courte vue

Si l’on se replace dans perspective historique, la démocratie est venue à moment donné pour résoudre la crise qui dépassait les capacités de l’Ancien-Régime.
Les régimes politiques que Sarkozy cite comme résolution de nos problèmes sont des régimes que nous avons connus sous des formes différentes, qui étaient à bout de souffle, et dont nous sortis… par la démocratie.
La démocratie est historiquement le système politique qui permet de sortir de l’impasse des régimes autocratiques et dictatoriaux. Revenir en arrière vers ces régimes dictatoriaux, c’est tout simplement régresser à une situation antérieure, dont il nous faudra sortir par… la démocratie ! Régresser nous obligera à refaire le chemin que nous avons déjà fait jusqu’à la démocratie, c’est d’abord une illusion et c’est une perte de temps qui ne nous apportera aucune solution, au contraire.

Nous devons au contraire approfondir nos pratiques démocratiques pour leur rendre une efficacité dont nous avons absolument besoin. Mais ça, ça dépasse les capacités d’imagination de Nicolas Sarkozy, et des autres.
Il faut arriver à articuler : la productivité économique et sa distribution, la cohésion sociale et la participation politique. C’est un tout qui doit fonctionner en système.
La vision de Sarkozy est une vision d’en haut, d’un dirigeant qui décide d’en haut, qui ne conçoit l’action politique qu’en se faisant obéir par ceux qui sont en bas. Effectivement, dans ce cas, la démocratie est un frein. C’est un défaut de compréhension que notre présidentialisme aggrave.
Il ne lui vient pas à l’idée de reconsidérer l’ensemble de la configuration politique institutionnelle. En fait, il manque d’imagination. C’est ce qui manque le plus dans notre monde, on ne sait que poursuivre ce qui existe déjà, avec tous ses défauts.
Sortir du connu, inventer le réel prochain, voilà l’enjeu. Et ce n’est sûrement pas par l’économie qu’on en sortira, ni par la technologie.

Le discours de Sarkozy nous avertit de ce qui nous attend si nous n’arrivons pas à maîtriser démocratiquement notre développement. C’est un avertissement menaçant.

Jean-Pierre Bernajuzan

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