La responsabilité écrasante de Martine Aubry dans l’éclatement du Parti Socialiste

La responsabilité écrasante de Martine Aubry dans l’éclatement du Parti Socialiste

On a tendance à oublier aujourd’hui la genèse de l’éclatement du Parti Socialiste ; éclatement qui n’était pas fatal. Martine Aubry y a joué manifestement le premier rôle.
Sa défaite de la primaire socialiste de 2011 a été précédée par celle de l’élimination de Dominique Strauss-Khan avec qui elle avait passé un accord de gouvernement. Auparavant, elle avait pris le contrôle du Parti Socialiste, mais en trichant. Elle a encaissé défaites sur défaites, elle a été obligée de laisser le pouvoir à François Hollande qu’elle méprise.
Pourtant, son alliance avec DSK n’était pas une alliance de gauche-gauche, et la plupart de ses ennemis au PS étaient autrefois strauss-khaniens, comme Manuel Valls par exemple qui, lui, s’est immédiatement rallié à Hollande, ils sont passés du côté de Hollande dont ils étaient plus proches que d’elle-même.

Elle s’est repliée sur la gauche du PS, elle n’a pas soutenue Hollande, elle a paru au contraire soutenir ses opposants frondeurs, le contraignant à gouverner contre sa majorité, recourant au 49-3, etc.
En tant que vaincue des primaires socialistes en 2011, il appartenait au premier chef à Martine Aubry de travailler à l’unité du PS, en soutenant le gouvernement et en ne soutenant pas les frondeurs. En ne soutenant pas le gouvernement, elle a contribué à le délégitimer ainsi que le Président Hollande au sein de l’électorat socialiste, elle a sapé son action au détriment final du Parti Socialiste lui-même. En fait, elle n’a pas digéré sa défaite ou ses défaites successives.

Martine Aubry représente la volonté sociale de la gauche de gouvernement, or, malgré son action déterminée, la dégradation sociale est continue depuis la fin des 30 Glorieuses. Les lois Auroux, dont elle a été dit-on la rédactrice, développaient un droit social adapté aux 30 Glorieuses, mais qui ont été votées alors qu’elles avaient disparues depuis 10 ans. La mutation économique et sociale qui s’en sont suivies appelait à un autre type de droit social ; la globalisation de la production d’une part, et l’individualisation des emplois et de la vie privée d’autre part, nécessitaient une restructuration de l’action collective et du droit pour répondre aux besoins nouveaux que ces mutations avaient suscités… Mais la réponse « archaïque », c’est à dire relevant d’un temps passé et dépassé, ne peut résoudre les problèmes de la société en devenir.

Depuis 1981, la gauche répond toujours à côté, elle propose des solutions du temps passé à une société qui n’en est plus là et qui seront de plus en plus inadaptées et de plus en plus inopérantes. Plus que n’importe qui d’autre, Martine Aubry représente l’inadaptation de l’action sociale. Les lois Auroux s’adressaient à un monde économique et social qui avaient déjà disparus, de même que la RTT des 35 heures prétendant partager le travail et les emplois comme si on était encore dans un monde fermé et stable ; non seulement la RTT n’a rien résolu, mais elle a ignoré la nouvelle situation sociale et salariale des citoyens. C’est l’ensemble de la gauche qui ne sait pas prendre en compte cette nouvelle situation (DSK aurait été l’inventeur des 35 heures), mais les mesures sociales inadaptées à la nouvelle donne économique, sociale et mondialiste, c’est Martine Aubry qui l’incarne. L’orientation économiste de DSK, Hollande, Rocard, Valls ou Macron est une tentative, autre, de sortir de l’impasse, à mon avis tout aussi vouée à l’échec car les problèmes sociaux spécifiques de cette nouvelle donne ne sont toujours pas pris en compte. Cela fait 40 ans que ça dure !
Cette incapacité à apporter des solutions adéquates à leurs problèmes poussent les citoyens de plus en plus nombreux à se détourner des forces politiques qui les proposent. Le Front National a encore de beaux jours devant lui…

Si la gauche de gouvernement, représentée par le Parti Socialiste par exemple, n’ « invente » pas les mesures sociales  efficaces, qui le fera ? Personne. Et personne ne le fait. Il ne faut pas se faire d’illusion, les propositions des candidats sont toutes mauvaises, plus ou moins.
Le choix « progressiste » consiste à choisir le moindre mal. Il n’est pas exaltant, et il ne résout rien !

Jean-pierre Bernajuzan

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