Le fonctionnement paradoxal des partis politiques dans notre démocratie individualiste


Pour comprendre et analyser efficacement le fonctionnement de notre système politique il faut commencer par en établir la genèse
Contrairement à la vision philosophiste qui fait la fait découler de l’antiquité, grecque principalement, notre démocratie occidentale est issue de l’évolution sociologique des sociétés occidentales dès leur avènement après la chute de l’empire romain au IVe siècle.
C’est une structuration sociologique nouvelle qui se met en place très progressivement sous l’égide de l’Église catholique – l’Église d’Occident qui a eu la prétention selon sa lecture des Saintes Écritures, de « remplacer la filiation charnelle par une filiation spirituelle » dont elle serait le maître d’œuvre. L’Église a étendu son influence sur l’ensemble des États européens par son savoir dont elle était la seule détentrice, auprès des cours princières et royales dont elle a assuré l’unité culturelle. Elle n’a pas réussi son œuvre telle qu’elle l’imaginait, mais elle a bien obtenu un résultat qu’elle n’a pas voulu.

L’Église a « déparentalisé » le social : dans les sociétés anciennes européennes, la valeur sociale des personnes était déterminée par leur position au sein de l’ensemble des rapports de parenté de leur société, qui s’imposent à tous et à chacun.
En Occident, au Moyen-Âge, un long processus d’évolution relativise ces rapports de parenté qui ne seront plus primo-structurants.
La disqualification de la parenté charnelle est remplacée par la parenté spirituelle : l’Église latine a mis cette « déparentalisation » en œuvre au niveau de son recrutement, elle se constitue précisément au Moyen-Age en une institution explicitement fondée sur la marginalisation des rapports de parenté charnelle ; célibat et chasteté excluant par principe toute filiation interne au clergé. L’Église prend le contrôle de l’alliance matrimoniale, impose le nom de baptême.
Aucune généalogie en dehors du cercle royal, le culte des ancêtres remplacé par le culte des saints est un recul de la pertinence sociale de la filiation, c’est le prêtre qui au moment du baptême fait de l’enfant une personne alors qu’en Grèce et à Rome c’est le père charnel qui le faisait. L’Église s’est approprié les fonctions de socialisation dévolues antérieurement aux rapports de parenté. En disqualifiant la parentèle, elle a valorisé le noyau familial et institué la famille nucléaire. La société médiévale devient une société sans ancêtres.
Le spatial se substitue au parental. Pour situer une personne, on tend de plus en plus à la localiser : elle est de tel endroit, plutôt que de telle famille. Les bourgeois du Roi deviennent les bourgeois de Paris, le de noble est le résultat de cette spatialisation du social. Dans la période précédente, c’est la personne qui donnait le nom au lieu, désormais c’est le lieu qui donne son nom à ceux qui le détiennent, le Roi régnait sur des personnes, il règne dorénavant sur un espace.
L’enracinement du social. Les descendants se transforment en héritiers, c’est un élément essentiel du processus spatialisation/déparentalisation. Les personnes, leur naissance, leur mariage, leur succession, sont fondamentalement soumis aux impératifs de préservation et de transmission du patrimoine, qui s’imposent à tous. Ce n’est plus le descendant qui hérite de la terre, c’est la terre qui hérite de l’héritier. Le pouvoir s’enracine, d’une domination itinérante on passe à une domination spatiale. Se généralisent alors les communautés d’habitants, villages, bourgs, villes…

Le rapport social de base devient habiter
Alors qu’auparavant on appartenait à une famille à un maître. Fondamentalement, habiter signifie être de quelque part, avoir des voisins, produire quelque part. C’est parce les habitants pouvaient désormais avoir en commun un certain espace qu’une nouvelle cohésion sociale a pu émerger à mesure que s’affaiblissait celle fondée sur les rapports de parenté. La spatialisation est ce qui distingue radicalement le principe communautaire occidental des autres formes que l’on rencontre ailleurs ou auparavant. De même que la déparentalisation signe la spécificité occidentale.

L’adjectif occidental ne signifie en aucun cas européen ou blanc, mais renvoie à un mode d’organisation sociale dans lequel les rapports de parenté sont secondaires.

C’est la domination interne (dominants sur dominés occidentaux) qui est plus performante, et qui a entraîné la domination externe des occidentaux sur le reste de la planète.

L’organisation productive agricole ou artisanale en ville ou au village a deux niveaux, la famille, le feu, la maison où le chef de feu organise l’usage de la force de travail (épouse, enfants, domestiques) et en assure la répartition du fruit, et la communauté d’habitants : dispersion des parcelles, vaine pâture…
Par ailleurs, les enfants sont soumis aux exigences de reproduction de l’unité d’exploitation, qui engendre le célibat, âge au mariage tardif, émigration des cadets. Ce système se généralisant, le jeune dispose de façon autonome de sa force de travail, dans lequel chacun des membres du foyer peut avoir un patron particulier.

C’est l’avènement du salariat.
Dominant à partir du XVIIIe siècle, il présuppose la propriété de soi, à savoir la liberté de sa force de travail, le salariat ne peut se développer que dans une population dont les membres sont libres de disposer de leur force de travail, ce qui exclut les systèmes serviles et aussi les systèmes de parenté. Mais la liberté de la force de travail ne peut aboutir au salariat que si elle est libre de ses mouvements. L’enracinement qu’a constitué la spatialisation n’a pas signifié l’immobilisation, mais l’encadrement de la circulation de la population : circulation des bons ouvriers, répression des vagants.

Le double processus de déparentalisation et de spatialisation a conduit à la croissance matérielle de l’Occident. Mais cette richesse n’est jamais en soi la garantie du succès, tout dépend de la capacité d’analyse, du possible, de l’inutile et du néfaste, donc de l’existence durable de compétences. Ce qui est devenu le mode principal d’accès au pouvoir, ce sont les compétences. Ce qui a eu deux conséquences majeures :1 L’idéal démocratique. 2 Cela signifie que ceux qui accèdent au pouvoir sont tendanciellement les plus instruits et les plus informés, que ces sociétés sont tendanciellement dirigées par les plus savants.
L’Église a été le laboratoire de la méritocratie, dès l’époque mérovingienne le clergé met en place et contrôle une culture latine, peuple les écoles, universités dès leur fondation soumises à la tutelle pontificale, qui font émerger les plus brillants. Les plus compétents forment le haut clergé, les conciles, les entourages princiers et royaux.
La société médiévale, quoique radicalement distincte, n’est pas l’inverse de la société contemporaine, mais bien plutôt sa matrice. (Joseph Morsel médiéviste)
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C’est par le « système paysan » que les sociétés occidentales sont sorties du système servile antique
Par la volonté de l’Église catholique de remplacer la filiation charnelle par la filiation spirituelle, c’est finalement un « système paysan » qui s’est mis en place, remplaçant le système servile antique. C’est donc en rupture avec le système servile antique que se développent les nouvelles sociétés occidentales.
Ce système paysan exigeant que les enfants non héritiers quittent l’exploitation pour la préservation du patrimoine, ils deviennent salariés. Ce faisant, ils s’émancipent de leur famille, ils se socialisent en dehors de la famille ; devenant autonomes ils deviennent libres ; échappant à sa hiérarchie ils deviennent égaux entre eux : l’individualisation et l’égalitarisation ont d’abord été une démarche intrafamiliale.
Personne n’a voulu qu’ils s’individualisent, ni l’Église, ni le pouvoir politique, ni les seigneurs, ni les possédants, ni même leurs familles, mais c’est bien ce qui s’est passé, inventant et impulsant un nouveau système social, individualiste désormais qui n’a jamais cessé de se développer, aujourd’hui encore.

C’est par défaut que ce système paysan a permis de produire une socialisation individualiste, ce n’est pas la paysannerie qui est individualiste, c’est l’exil familial qui fait des enfants paysans des salariés, et c’est en tant que salariés qu’ils deviennent libres et égaux, non en tant que paysans.
C’est le statut de salarié qui a porté le développement de l’individualisme.
Et c’est un statut de non-possédant, preuve encore que le progrès évolutif de notre société ne réside pas dans l’économie : l’économie est la production de la société et non l’inverse, ce n’est pas l’économie qui produit la société.

C’est par ce système social plus performant que l’Occident a dominé pour un temps la planète, et non par sa culture, ni sa philosophie, ni son économie, ni son savoir, ni son intelligence… C’est ce système social que tous les pays du monde adoptent pour se développer, ceux qui ne l’adoptent pas ne se développent pas.
L’Église orthodoxe n’a pas fait la même lecture des Saintes Écritures, elle n’a pas non plus obtenu le même résultat. En l’An mille encore, l’empire d’Occident était le plus faible, le plus pauvre et le moins savant face à l’empire d’Orient et l’empire Arabo-musulman.

Le grégarisme est originel, il revient en force à chaque difficulté de socialisation
À l’origine les sociétés humaines étaient grégaires parce que les individus ne pouvaient survivre que par le groupe et que notre origine animale était déjà grégaire. La xénophobie était une défense du groupe contre les autres groupes mais lorsqu’elle s’exerce au sein d’une société individualiste elle devient contreproductive ; de même le racisme est une identification à son propre groupe contre les autres groupes ; l’appartenance en général est une expression de ce grégarisme omniprésent : de la nation évidemment, celle du quartier, de la couleur de la peau avec ses nuances infinies, de la classe sociale, de la culture, de la langue, de la bande, du clan, de la tribu, de l’ethnie, de la famille… enfin tout ce qui peut faire groupe. Et les groupes sont hiérarchiques. Ce grégarisme exprime la légitimité de l’origine par l’appartenance.

Au premier stade de leur développement, les sociétés réglaient leur violence par le sacrifice dans un moment de fusion grégaire intense, renvoyant ainsi leur responsabilité vers les divinités créées par ce sacrifice. Les humains de cette époque n’étant pas capables d’assumer la responsabilité de leur violence ni autres actes, ils l’ont attribuée à une instance « extérieure » qui aurait tous ces pouvoirs, la divinité : les divinités ont été inventées par les humains pour se « déresponsabiliser ». A ce premier stade le grégarisme était extrêmement violent. Les « tribus » qui sont la forme la plus universelle du grégarisme ont disparu en Occident depuis très longtemps alors qu’elles perdurent encore dans de nombreuses régions du monde.

La socialisation et l’identification individualiste viennent subvertir ce grégarisme, mais il demeure en fond car il apporte un sentiment de sécurité même s’il est fallacieux car étant grégaire il suscite les affrontements les plus violents, alors que la socialisation individualiste propose de dépasser ces identifications grégaires pour vivre en paix tous ensemble où les individus sont libres et égaux. La pacification sociale est individualiste, la liberté et l’égalité individualistes favorisent les rapports sociaux pacifiés.
L’individualisme affirme la légitimité des individus, de tout individu, sans nécessiter d’appartenance.
Les philosophes prennent les évolutions en cours et les formulent pour les rendre conscientes.

La socialisation individualiste construit la nouvelle socialité sur ce fond grégaire qui est prêt à ressortir à chaque défaillance : l’apparition des symptômes grégaires exprime la difficulté en cours, ce n’est pas une faute ni un défaut, c’est la vocation même de la socialisation individualiste que d’affronter sans cesse ce fond grégaire pour le transformer en individualisme pacifique, revenir en arrière dans le grégarisme relance systématiquement le désordre violent.
Pour comparer : la violence mesurée en taux d’homicide a baissé en Occident de 99 % entre le XIIIe et le XXe siècle (Robert Muchembled : une histoire de la violence). Plus on s’individualise plus on se pacifie plus on se respecte, mais plus on se pacifie et moins on supporte la violence moins on en supporte les retours, si bien que le ressenti de violence contredit la réalité statistique.
Dès qu’une catégorie sociale est en difficulté, sa souffrance s’exprime par une forme grégaire : phénomène de bandes chez les adolescents, regroupement et fusion de populations en souffrance « contre » n’importe quel bouc émissaire sacrifiable, juifs, immigrés, étrangers, noirs, bronzés… Le retour du grégarisme devient à la fois la réponse au mal-être et le problème à résoudre, mais il ne peut être en aucune façon la solution.

Le politique généralise les évolutions sociales en les légalisant
L’évolution est d’abord sociale, c’est elle qui entraîne ensuite celle du politique pour qu’il corresponde à son niveau d’évolution, dans l’évolution décrite le pouvoir politique n’a eu aucune influence. Le politique subit la subversion de la société, en résistant, c’est pourquoi les changements politiques sont souvent violents. Le passage au politique permet la mise en forme des évolutions sociales en droit, avec leur imposition à l’ensemble de la population. La « forme » politique représente le passé, l’évolution sociale représente l’avenir.

L’individualisme a produit l’État-nation, le collectif et la démocratie
La socialisation individualiste a produit une nouvelle façon de faire société, d’une manière directement individuelle sans interférence des appartenances aux groupes, alors que dans la socialisation grégaire c’était par le biais de l’appartenance à son groupe que l’on faisait société.
L’État-nation représente et reflète cette nouvelle identification collective : le « collectif » est l’expression de l’ensemble des individus libres et égaux composant la « nation ». Il s’oppose au grégaire hiérarchique auquel sont soumis les individus regroupés dans cet ensemble grégaire en « nationalités ».
Le collectif ne s’oppose pas à l’individuel, mais au grégaire ; le collectif est individuel.
C’est à ce niveau individuel-collectif qu’apparaît notre démocratie moderne occidentale, elle est le produit du développement de la socialisation individualiste.

Le système politique démocratique s’organise pour répondre aux besoins et attentes des populations
Tous les problèmes et débats qui agitent la société sont pris en compte par le système électoral, on tient le politique pour responsable des réussites et surtout des échecs que le pays subit. On pourrait penser que la société pourrait s’organiser elle-même toute seule, mais depuis que l’État a émergé et pris le pouvoir la société a été soumise, elle a perdu son pouvoir d’autodétermination.
Pourtant, c’est bien sur l’évolution sociale et son organisation que porte l’action de l’État, c’est-à-dire du politique. Or la socialisation se réalise par les relations sociales, par les rapports sociaux que l’État ne peut pratiquer dans sa position dominante hors sociale : l’État ne peut donc pas socialiser, c’est la société qui socialise. L’État a accaparé tout le pouvoir alors qu’il est impuissant en matière de socialisation, ce faisant il a privé la société de ses propres moyens de socialisation : la mission de l’État et des politiques devrait donc être de restituer ses moyens et pouvoirs à la société pour qu’elle puisse résoudre ses problèmes. Mais sous prétexte qu’ils sont élus les politiques veulent décider de tout alors qu’ils sont finalement impuissants, ils pensent l’État comme la seule instance de décision collective légitime.

Le suffrage universel exprime les choix à la fois individuels et collectifs
La démocratie occidentale a fini par inventer le suffrage universel, qui commence par exprimer le choix individuel de chacun à l’abri de toute pression sociale par l’isoloir, pour aboutir à un choix collectif par la somme des choix individuels garantis par l’isoloir : le « collectif-individuel » est assuré. Le suffrage universel exprime un choix individuel et non grégaire, au contraire de la foule ou des rassemblements où les individus sont soumis aux pressions de toutes sortes : ces pressions sont grégaires en ce sens que la liberté des individus n’y est pas garantie.

Les décisions démocratiques sont prises à la majorité électorale
Pour pouvoir imposer leurs décisions les politiques doivent d’abord « gagner » les élections c’est-à-dire obtenir la majorité des suffrages des électeurs à intervalles réguliers pour garantir le choix premier du peuple, de la nation ou de la population. C’est un passage obligé du système démocratique que les régimes non démocratiques essaient d’éviter à toute force pour garder le pouvoir indéfiniment.
Pour obtenir cette majorité électorale tous les moyens sont bons et ils ne sont pas forcément démocratiques. Les candidats flattent les électeurs jusqu’à leurs plus bas instincts pour susciter leur adhésion ne serait-ce que juste le moment du vote : on pourrait penser que la démocratie serait le choix du pire, effectivement cela peut être le cas, mais le positif de ce choix c’est qu’il prend en compte la réalité des ressentis des citoyens, aussi bons ou mauvais moralement qu’ils soient, pour les traiter réellement.

Une campagne électorale est démagogique par nature, les candidats y développent des arguments rationnels et irrationnels, ces derniers sont souvent les plus efficaces pour emporter l’adhésion, les choix des électeurs sont aussi bien positifs que négatifs, toutes les ambiguïtés s’expriment dans le vote, ce qui est conforme à la vie réelle et la représente bien.
Les élus sortants font valoir leur bilan en l’enjolivant, font des promesses qu’ils n’ont pas forcément l’intention de tenir, les candidats de l’opposition sortante font des promesses qu’ils n’ont pas forcément l’intention de tenir non plus. Les électeurs ne sont pas dupes, ou plutôt ne sont dupes que de ce qu’ils veulent croire, car ils ont des convictions quelquefois profondes qui ne correspondent pas toujours à leurs intérêts économiques ni même idéologiques.
Et on retrouve dans ces propositions et choix électoraux, aussi bien les aspirations individualistes les plus récentes que les atavismes grégaires les plus récurrents.

Les partis politiques qui animent le système électoral démocratique ont une structure et un comportement le plus souvent grégaires alors qu’ils représentent l’avènement individualiste
En démocratie les partis politiques sont supposés faire vivre cette démocratie fondée sur l’émancipation individualiste. Or, très souvent, ils défendent une appartenance radicalement grégaire contraire à leur vocation, quelles que soient leurs idéologies. Les partis sont structurés en groupes que l’on trahit si on ne soutient pas toutes leurs décisions, le plus souvent défendre ses idées c’est s’opposer aux autres, leur engagement idéologique est structuré par la logique grégaire d’appartenance « vous êtes des nôtres ou contre nous ». Il est contraire au bon fonctionnement du système démocratique que leurs animateurs fondamentaux soient ainsi conçus d’une manière aussi opposée à la nature du système qu’ils défendent.
Ils utilisent systématiquement le clivage pour grégariser les électeurs-citoyens afin de gagner les élections et sans la moindre objectivité. Leurs façons de faire rajoute à la souffrance sociale plutôt qu’à son apaisement, ils pensent d’abord à s’opposer entre eux plutôt qu’à représenter l’ensemble de leurs électeurs dans leur diversité, ils rajoutent du désordre et de la violence au lieu de pacifier.

Nos institutions démocratiques sont structurées d’une façon trop grégaire, qui n’aide pas la démocratisation et qui favorise le retour au grégarisme antidémocratique
Le partage entre majorité et opposition pour l’exercice du pouvoir semble logique au bon fonctionnement démocratique. Pourtant en grégarisant les protagonistes au lieu de les rassembler, il divise la nation, ce qui est contraire à tout bon gouvernement. D’autant plus que la pratique et la logique du système tendent à exclure les contestataires, on en arrive actuellement à avoir une majorité d’électeurs-citoyens contestataires et abstentionnistes : c’est donc une minorité qui gouverne durablement, ce sont des politiques élus par une minorité d’électeurs qui gouvernent : c’est la démocratie elle-même qui est remise en question.
L’ « antagonisation » de la majorité et de de l’opposition va à l’encontre de la pacification recherchée. Le système devrait respecter la liberté individuelle des élus dans la logique de son fonctionnement.

Une reconfiguration de nos institutions pourrait permettre à tous les partis représentés au Parlement de participer au gouvernement, tout en gardant la ligne politique choisie et dirigée par la majorité.
Pourquoi exclure l’opposition ? Elle fait partie de la nation tout autant que la majorité.
Dans les temps anciens le pouvoir était attribué au vainqueur d’un combat afférent, le perdant était tué ; l’élection non violente a remplacé le combat meurtrier, mais les perdants ne participent pas au pouvoir exécutif. On pourrait passer à l’étape suivante, participer à un gouvernement que l’on ne soutient pas, ce qui renforcerait la démocratie et aussi le sentiment d’appartenance à la même nation pour tous car tous pourraient se sentir représentés.

On confond souvent les termes république et démocratie, ils n’expriment pourtant pas la même chose. La république est une structure étatique qui n’est pas toujours d’origine démocratique, beaucoup de républiques ne sont pas démocratiques. La démocratie est une pratique sociale et politique qui prend en compte et qui défend l’égalité et la liberté de chacun et de tous, même et surtout s’ils sont minoritaires. On peut très bien défendre la république contre la démocratie, alors que la démocratie peut être défendue dans un autre système politique que la république.
Il ne faut pas se tromper, la démocratie est un système politique extrêmement puissant par l’adhésion qu’il suscite, tandis que les systèmes autoritaires contraignent les citoyens.

Jean-Pierre Bernajuzan

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